Thonon Evian Grand Genève Football Club -

D2 Féminine : Thierry Uvenard annonce son départ

Alors que la formidable saison de nos féminines arrive à son terme, Thierry Uvenard a annoncé qu’il ne serait plus l’entraineur de l’équipe D2, la saison prochaine. Après deux saisons bien remplies au Thonon Evian GG FC et des résultats qui ont permis au football féminin local d’être mis dans la lumière, le coach de l’équipe Élite féminine, qui est en fin de contrat, a décidé de ne pas renouveler pour des raisons personnelles. Le club aurait aimé que Thierry poursuive un peu l’aventure mais respecte le choix de celui qui a amené son équipe en demi-finale de la Coupe de France et qui a permis à l’équipe D2 de se maintenir alors que cette saison 2022/2023 était une saison charnière avec 6 descentes dans une poule de 12 équipes. Reconverti comme entraineur après une carrière de footballeur professionnel, Thierry a apporté beaucoup au football féminin que ce soit dans le Chablais ou dans son précédent club au Havre.  Porteur de belles valeurs humaines, Thierry aura marqué son passage au TEGG et su laisser son empreinte. L’ensemble des salariés, des joueuses ou encore de ses collègues ont énormément apprécié l’homme et le coach durant ces deux saisons et tous lui souhaitent le meilleur pour la suite. Les portes du club lui seront toujours grandes ouvertes et on espère sincèrement le revoir de temps en temps dans les tribunes du stade.

Nous avons rencontré Thierry qui nous fait un petit flash-back sur deux saisons bien remplies.

Thonon Evian Grand Genève Football Club - 336583815_3377080002514912_5427208865073679161_n🎙️L’interview…..

Au niveau émotionnel, ce ne doit pas être facile de se dire que dans quelques semaines, entrainement, banc de touche, adrénaline des matchs, toutes ces choses qui font du football et du sport en général un moteur, tout ça va s’arrêter ?

T.U. « J’aime mon métier d’entraineur, j’ai aimé mon métier de joueur mais je sais faire la part des choses. Quand je rentre à la maison, je ne parle pas de football, je ne regarde pas de foot à la télé, ça a toujours été comme ça. Le football c’est mon lieu de travail, si j’ai des matchs à regarder ou si je veux parler football, je le fais à Blonay. Je n’ai pas besoin de reconnaissance particulière comme certains peuvent en vouloir. Il y a des personnes qui ne peuvent pas s’arrêter, à 66, 67 ou 68 ans, ils sont encore entraineurs. Moi je pense qu’il y a un temps pour tout. »

Ton passage au TEGG a été court mais que retiendras tu de ces deux années ?

T.U. « Mon objectif était de venir dans la région pour mes enfants qui habitent ici. Je n’ai contacté qu’un club, c’est Thonon quand j’ai su qu’il n’y avait plus d’entraineur. J’ai proposé mes services à Serge (ndrl Garcia) qui m’a donné ma chance, ça s’est fait comme ça et je pense qu’il ne s’est pas trompé non plus. C’est pour cette raison que j’apprécie beaucoup le club et Serge. Je suis fier de ce que j’ai fait ici avec mon staff.  La belle saison que nous venons de vivre, ce n’est pas seulement Thierry, c’est Thierry, Malou, Ryan et Mayra. Ce qui prouve qu’on a bien travaillé, c’est que certaines joueuses ont été appelées par d’autres clubs et le milieu des entraineurs reconnait qu’il y a des bonnes joueuses à Thonon. Quelque part, c’est un peu ma fierté. »

Thonon Evian Grand Genève Football Club - SERG1927Le football féminin est un football qui est respectable et qui doit être respecté

Tu as su fédérer un groupe avec de belles valeurs, ce qui n’était pas le cas avant ton arrivée. Aujourd’hui, la D2 Féminine fait l’unanimité partout où elle passe. C’est beau ?

T.U. « Quand j’étais entraineur des garçons (ndrl Havre, Lens, Toulouse) c’était pareil. Sincèrement, j’essaie de tout mettre en place pour que le groupe fonctionne bien car je suis persuadé que s’il y a un bon groupe, il y a une bonne équipe. Les joueurs (euses), s’il y a une bonne entente, peuvent faire les efforts pour le (la) partenaire et ça fonctionne beaucoup mieux. C’est ce que je me suis attaché à faire ici, dès le départ comme je l’ai fait au Havre et partout où je suis passé. »

Après ta carrière de joueur et ensuite d’entraineur des garçons, tu aimes à rappeler que la découverte du football féminin a été pour toi une belle surprise. Peux-tu nous dire pourquoi ?

T.U. « Je suis arrivé dans le football féminin par hasard. J’étais revenu chez moi au Havre, j’étais sans emploi et à cette époque, le président Vincent Volpe lançait un projet féminin, on m’a appelé. Le président m’a présenté le projet et j’ai dit « oui, on y va, c’est parti ». Je ne connaissais rien au football féminin. Quand j’ai accepté et que ça s’est su à droite à gauche, même mes meilleurs amis m’ont dit que j’allais m’emm… avec le football féminin. J’ai répondu que j’allais découvrir un truc qui pourrait peut-être me servir pour revenir après, avec les garçons. C’est ce que j’ai dit au départ mais quand j’ai découvert le football féminin, je n’avais aucune envie de retourner vers le football masculin. Ce que m’ont proposé les filles, c’est le sourire, l’envie de s’entrainer, de courir après un ballon. C’est le comportement que j’avais quand j’avais 20 ans et qu’on ne retrouve pas aujourd’hui chez les garçons. Je me trompe peut-être mais comme j’ai côtoyé les garçons au Havre au centre de formation, je n’en ai pas l’impression. J’essaie toujours d’être là quand les filles arrivent, de leur dire bonjour et je veux les voir arriver avec le sourire. Quand tu arrives ici à Blonay avec un soleil magnifique, que tu as une superbe vue quand tu es sur le terrain, c’est du plaisir ! Effectivement, ce n’est pas tous les jours facile, mais faire de sa passion un métier, c’est extraordinaire. Attention, on parle de métier mais pour les filles, ce n’est pas non plus comparable aux garçons. C’est dur pour certaines, je ne sais pas comment elles font. Bravo à elles. »

Thonon Evian Grand Genève Football Club - DSC_4439Quel regard portes tu sur l’évolution du football féminin ?

T.U. « Ça va dans le bon sens. Cette Ligue professionnelle qui se profile, c’est une très bonne chose. Avec la création d’une division 2 sur un groupe, on va retrouver des équipes comme Marseille, Lens, Metz, Nantes, Nice, Strasbourg… Et Thonon va être parmi ces équipes là. C’est magnifique !  Il ne va pas y avoir beaucoup d’équipes du calibre de Thonon, qui budgétairement parlant est d’un niveau inférieur. Quand je vois que les filles sont capables de tenir tête à une équipe comme St Etienne qui a un budget presque trois fois supérieur au nôtre, ça en dit long. La création d’un championnat de division 3 sera également une passerelle entre la R1 et la D2 car jusque-là, ce n’était pas une passerelle mais le pont de Normandie (😂). »

Que verrais tu encore à améliorer ?

T.U. « Il faut des finances, c’est le nerf de la guerre. Si on veut pouvoir proposer de vrais contrats professionnels aux filles, il faut de l’argent pour permettre aux joueuses d’avoir un salaire digne de ce nom. La diffusion des matchs avec l’arrivée de Canal+ et BeIN  a permis de faire évoluer le football masculin, c’est de l’argent en plus dans les caisses de la LFP.  Il faut que les gens apprennent à regarder un match de football féminin, je dis bien apprenne. Football masculin ou féminin, c’est la même chose mais c’est joué différemment, il y a moins de vitesse, moins d’engagement, moins de tricherie aussi même si ça arrive tout doucement. Mais c’est un football qui est respectable et qui doit être respecté. »

M.B. (Crédit photos Murielle Biglione – Serge Deville – Christophe Masbou)