Thonon Evian Grand Genève Football Club -

Les clubs de N3 se mobilisent

La National 3 veut faire entendre sa voix pour une reprise des compétitions. A l’initiative du Racing Club de France, un collectif composé de nombreux clubs de N3 s’est constitué afin de faire remonter à la Ligue de Football amateur, la nécessité de reprendre les championnats. Patrick Trotignon nous a confié son point de vue sur la situation et nous donne ses arguments.

Thonon Evian Grand Genève Football Club - DSC_0249Après l’annonce de la reprise de la N2 le 13 mars prochain, quel est ton point de vue concernant la reprise éventuelle de la N3 ?

P.T. « D’un point de vue égalitaire, il n’est pas juste que la N3 ne soit pas traitée comme la N2. Je ne vois pas la différence. La N3 a des répercussions économiques dans son fonctionnement. Un club comme le notre a 25 personnes (joueurs, staff, salariés administratifs) qui vivent autour de cette équipe et il me semblerait légitime que la N3 soit considérée comme la N2. Si on fait le compte total des contrats fédéraux en N3, il y en a plus qu’en N2 donc pourquoi est-on en train de punir les fédéraux de N3 ? De plus, la reprise de la N3 mettrait un peu de vérité dans le championnat N2 car avec aucune descente, la compétition en N2 est un peu faussée. La N3 est aussi une division formatrice et la reprise aurait au moins la vertu de faire reprendre la compétition à des jeunes joueurs qui ont besoin de jouer pour s’aguerrir. »

Qu’en est-il du protocole sanitaire si une reprise devait avoir lieu ?

P.T. « Nous avons déjà expérimenté le protocole sanitaire de la Coupe de France et on sait qu’on est capable de le mettre en place avec des tests PCR et des tests antigéniques. Ce sera d’ailleurs le cas avec la reprise de la D2 Féminine. Ça a un coût c’est sur mais on sait faire. Il y a même un aspect positif avec les tests. Tester des joueurs avant un match permet d’avoir des partenaires et adversaires qui sont « sains » au niveau sanitaire et ça sécurise aussi leur environnement familial. Etant donné que les clubs s’entrainent quand même, les joueurs ne peuvent pas savoir s’ils sont contaminés alors que s’ils sont testés régulièrement, ils le sauront. C’est donc positif de prendre le championnat N3 en imposant le protocole »

On a entendu ces jours ci que le public pourrait éventuellement revenir dans les stades pour les matches de l’équipe de France ou de Ligue 1. C’est quand même contradictoire ?

P.T. « Personnellement quand j’entends ça, je trouve que c’est déloyal et irrespectueux vis-à-vis des pratiquants. Faire revenir le public dans les stades, c’est dangereux. On peut dire tout ce que l’on voudra mais ce n’est pas possible de maîtriser ce point là. Les supporters quand il y aura un but vont se lever, s’embrasser, se toucher. J’aimerai que nos instances fédérales pensent davantage à nos pratiquants avant de penser à faire des expérimentations de public dans les stades. Faire revenir du public n’est pas urgent et c’est générateur de propagation du virus »

Thonon Evian Grand Genève Football Club - DSC_0324Hormis le côté sanitaire et si la reprise venait à être actée, penses-tu qu’il y aura un déséquilibre entre les clubs comme nous qui n’ont pratiquement jamais arrêté et ceux qui n’ont pas pu s’entrainer ?

P.T. « Il parait que Vénissieux ne s’entrainait pas et nous on s’entrainait comme des pros !! On s’est fait marcher sur le ventre par une équipe qui ne s’entrainait pas ! Je veux bien admettre que c’était sur un match mais franchement, personne ne s’est vraiment arrêté, tout le monde continue de pratiquer plus ou moins régulièrement et à des fréquences variées. C’est sûr qu’avec le couvre-feu, ce n’est pas facile mais ce déséquilibre pourrait être vite gommé »

Si l’on reprend, ce sera sans aucun doute à huis clos. Sans supporters donc sans recette billetterie, sans buvette, sans rien pouvoir offrir aux sponsors, finalement beaucoup de dépenses pour aucune recette ?

P.T. « Pour les sponsors, nous allons jouer avec les maillots sur lesquels ils figurent. Pour des clubs comme le nôtre, si on reprend, nos matches vont être filmés donc il y aura de la visibilité pour nos partenaires qui ont des panneaux autour du stade. De plus, avec la vidéo, les supporters pourront regarder les matches et il y en aura peut-être même plus qu’habituellement. La seule chose qui est pénalisant, c’est l’hospitalité car on ne peut pas faire de soirées avec nos partenaires. La reprise serait sans aucun doute une bouffée d’air psychologique pour tous les acteurs du club. »

En dehors de la N3, d’un point de vue physique et psychologique, le manque de pratique sportive et de compétition chez les jeunes, peut avoir un effet catastrophique car certains se construisent à travers le fait de se mesurer à l’autre.  Sans parler de ceux qui n’auront plus envie de reprendre le sport ?

P.T. « Je me garderai bien de répondre à la place des spécialistes. Il est possible que l’on perdre des adhérents mais on peut aussi en gagner car peut-être de plus en plus d’enfants auront envie de se défouler, de refaire du sport. Où est la balance ? Sincèrement, je n’en sais rien. C’es sûr qu’aujourd’hui, la situation est très négative car nous n’avons pas de visibilité et parfois c’est pesant. “

Un mot d’espoir pour la suite ?

P.T. « Aujourd’hui, j’ai un espoir, car le président du syndicat des clubs nationaux va transmettre le message des clubs volontaires pour reprendre le championnat auprès de la LFA (Ligue Football Amateur) qui pourra ensuite nous défendre. Avec le collectif qui s’est créé à l’initiative du Racing club de Paris et la pression des présidents de clubs, nous espérons que les instances pourront statuer en faveur d’une reprise de la N3. Il y a plus d’espoir en se battant pour que ça reprenne plutôt que de ne rien dire ! »

M.B.