Thonon Evian Grand Genève Football Club -

Nicolas Robberechts, nouveau préparateur physique

Le grand remaniement au sein du staff du groupe N3 se poursuit avec l’arrivée de Nicolas Robberechts, nouveau préparateur physique et responsable de la performance de l‘ICEF et du club de Thonon Evian GG FC. Aujourd’hui dans le football, les joueurs sont de plus en plus athlétiques d’où l’importance de la préparation physique pour le bon déroulement d’une saison. Toutefois, faire le  choix d’avoir à temps complet un préparateur physique au Niveau N3 est un luxe qui montre clairement les ambitions du club ainsi que les moyens mis en oeuvre pour atteindre les objectifs.

Rencontre avec Nicolas Robberechts. 

Thonon Evian Grand Genève Football Club - DSC_0216.jpg-1Peux tu nous présenter ton parcours ?

N.R. “Je sors d’une licence STAPS sport en Belgique. Après avoir travaillé durant deux ans dans l’enseignement et divers postes, j’ai bifurqué sur une année de stage et formation sur un DU (DUEPP diplôme universitaire européen de préparation physique) à Lille. Dans la foulée, j’ai attaqué comme préparateur physique au Racing Football Club à Luxembourg.”

Comment définirais-tu ton métier ?

N.R. “Le métier est très complexe car il y a beaucoup de compétences qui sont requises. Le mot qui me sort, c’est l’adaptation, c’est arrivé à jongler entre le côté mental qui est un impondérable et le côté athlétique, pouvoir donner à tout un chacun ce qu’il a besoin”

Pourquoi avoir choisi le monde du football ?

N.R. “C’est un choix, je voulais m’orienter dans le football. C’est là où il y a le plus de moyens et du coup le meilleur moyen de pouvoir s’exprimer.”

Comment s’est passé ton arrivée au club ?

N.R. “Très très bien, j’ai envie de dire que j’ai été accueilli comme un belge peut accueillir un français en Belgique 😅 (ndrl Nicolas est belge bien sûr !!) Cela fait 6 jours que je suis arrivé et j’ai l’impression de que cela fait 3 mois que je suis là, tellement tout se passe bien.”

Le poste de prépa physique est un peu méconnu mais essentiel voir indispensable dans le football d’aujourd’hui ?

N.R. “Ce poste me va très bien car je ne suis pas là pour prendre la lumière. C’est nous les petites mains qui faisons que le coach puisse prendre ses décisions avec justesse le week-end pour avoir l’équipe la plus compétitive possible. Je pense qu’en 2021, les joueurs sont des athlètes avant d’être des footballeurs. Il faut tellement de compétences athlétiques en termes de vitesse, d’endurance, de duels et aussi pour éviter les blessures que si le joueur n’est pas d’abord athlétique, ça ne passe pas. Dans les grands clubs où l’on fait du trading avec les joueurs, à 15 ans, les jeunes sont capables de jouer en équipe première car athlétiquement ils sont prêts. Techniquement, il y a encore du déchet mais du côté athlétique, ils sont capables de supporter des charges de travail et d’entrainement. Je pense qu’il y a du travail à faire dans tous les clubs au niveau de la formation, le dépassement de soi est hyper important, les jeunes doivent apprendre le goût de l’effort.”

Peut-on dire que préparateur physique est un métier très scientifique ?

N.R. “Clairement, c’est un métier scientifique mais aussi avec des composantes sociales incontrôlables. La rigueur scientifique peut nous amener sur certains domaines mais peut être contrebalancé par des facteurs aléatoires au quotidien.”

La prépa physique c’est parfois ingrat pour les joueurs avec la répétition d’exercices et en général, ce n’est pas ce que les sportifs préfèrent mais c’est essentiel pour la performance. Pourquoi ?

Thonon Evian Grand Genève Football Club - DSC_0280.jpg-1N.R. “La préparation d’avant saison est essentiel dans le sens où on va mettre du volume, on va pouvoir donner la possibilité à des joueurs de faire des longues séances d’entrainement, de pouvoir supporter des charges de travail conséquentes, ce qui va pouvoir nous amener à travailler plus tard des systèmes de jeu qui vont être assimilés plus facilement par l’organisme. La préparation dure 6 semaines mais il y a un travail footballistique en même temps donc le plaisir du ballon reste là et il doit rester essentiel. Je leur donne la possibilité de s’exprimer du côté athlétique mais je leur donne aussi le fait de prendre du plaisir avec un ballon parce que ça reste du football.”

Quelle place comptes tu prendre au sein du staff de l‘équipe N3 ?

N.R. “Mon rôle est très facile, c’est d’ailleurs comme ça que je vois mon métier. Essayer d’optimiser les compétences athlétiques pour que la veille du match le coach ait un choix difficile à faire en ayant le plus grand nombre de joueurs disponibles.”

Comment se prépare la reprise au Thonon Evian GG FC ?

N.R. “Le programme est très chargé, on va faire beaucoup d’aérobie, beaucoup de volume de jeu sur des séances très longues. C’est un premier cycle d’environ deux semaines. Ensuite on va passer sur deux semaines où on va être plus dans l’anaérobie, on va diminuer les temps de course, on va augmenter l’intensité pour terminer sur les deux dernières semaines et demi par de la vitesse et des sprints à très haute intensité pour être prêt pour le premier match de championnat le 29 aout.”

As-tu une vision plutôt individualiste ou collective de la préparation physique ?

N.R. “Clairement c’est entre les deux.  J’ai besoin que le groupe fonctionne sur les mêmes cycles et même plus que ça. Sur le long terme, par rapport au groupe réserve et les jeunes, il faut harmoniser toutes les procédures. Quand il y a un joueur qui doit monter de catégorie ou redescendre, il ne doit pas être désorienté, il doit être dans les mêmes cycles, ça c’est une vision collective. Mais au quotidien chacun a des besoins précis et c’est là où il faut arriver à mettre une petite touche chez l’un, alléger un programme chez l’autre, charger un peu plus un autre pour le ramener à un niveau optimum de performance. C’est toute la subtilité du métier de préparateur athlétique.”

Thonon Evian Grand Genève Football Club - DSC_0228.jpg-1Quels nouvelles technologies et outils utilisent tu pour suivre l’évolution des joueurs ?

N.R. “Principalement les GPS et les cardio-fréquencemètres. Les GPS je vais les utiliser pour calculer la charge de travail donc le volume complet, ça va me donner des données de distances parcourues par match et par entrainement. On peut voir ainsi les joueurs qui se cachent même si l’œil voit sur le terrain. On peut mettre un tableau devant un joueur en lui disant « regarde, vous jouez au même poste et sur la même séance, vous avez fait x mètres en plus ou en moins par rapport à l’autre et ce n’est pas normal » Avec les GPS,  on peut voir les courses en fonction de leur vitesse. J’utilise beaucoup les courses à haute intensité au-dessus de 25 km/heure ce qui se rapproche d’un sprint. Ça me permet de savoir de savoir si l’athlète est capable de courir à haute intensité sur des répétitions de sprints, faire une attaque rapide, un retour défensif. Les cardio-fréquencemètres permettent de contrôler la fréquence cardiaque pour savoir par exemple si le joueur est dans le rouge sur une séance où on l’amène à des intensités maximales. Ce sont des outils pour optimiser individuellement la performance de chacun. On va  passer les GPS en Live ce qui va pouvoir me permettre à la fin de la séance de pouvoir avoir un compte rendu de qui à fait quoi.”

Avec la saison qui vient de se terminer et l’arrêt prématuré des compétitions, est que l’on prépare une nouvelle saison de la même manière qu’une saison normale ?

N.R. “Pas du tout, on fait une préparation plus longue avec une reprise plus en douceur pour que les organismes aient le temps de se préparer tout doucement car d’un point de vue athlétique, il faut tout remettre en place, les articulations, le volume, etc … et d’un point de vue neurologique, il faut reprendre le contact avec le ballon. Car même si on a l’impression que c’est facile, ça demande de l’entretien. Si les athlètes de haut niveau sont forts au foot, c’est parce qu’ils touchent du ballon du matin au soir. Pour moi, c’est aussi important de toucher le ballon que de faire une bonne préparation.”

As-tu déjà repéré les forces et les faiblesses du groupe et des joueurs ?

Thonon Evian Grand Genève Football Club - REP (5).jpg-1N.R. “Clairement.  Sur les quelques séances, j’ai déjà vu des joueurs qui étaient au-dessus du lot en termes de volume et d’intensité et d’autres qui ne le sont pas. Après ce ne sont que des séances d’entrainement, la vérité, c’est le jour du match.”

Comment arrives-tu à cibler les besoins d’un joueur ?

N.R. “Je discute beaucoup avec les joueurs, je suis très proche d’eux. Chaque joueur a ses besoins par son vécu. Certains sont ici en début de carrière, d’autres plutôt sur la fin de leur carrière, il y en a qui ont connu le monde pro, d’autres qui viennent du monde amateur. Chacun a mis en place au fur et à mesure de ses années d’expérience des protocoles et eux-mêmes sentent leur corps. Athlétiquement on prépare des joueurs, mais on a que leur ressenti, on n’est pas en eux donc il n’y a que la discussion qui permet de pouvoir analyser tout ça et pouvoir cibler s’il y en a un qui est bien ou un peu moins bien. Ma porte est toujours ouverte”

Quelle relation entretient le préparateur physique avec les joueurs ?

N.R. “Je suis un préparateur bienveillant dans le travail. Sur la séance de 45 mn qui m’est allouée, il faut travailler, très dur s’il le faut. A côté de ça, on peut discuter, je suis à l’écoute sur les besoins. S’il faut lever le pied à certains moments, je le ferai mais il y a des critères et des niveaux qu’il faut que les joueurs respectent pour arriver  là où je veux aller. Mes objectifs de préparateur athlétique sont très élevés, si les joueurs veulent arriver à un certain niveau de performance, ils doivent travailler. Si on travaille, on obtient des résultats.”

M.B. (Crédits photos Serge Deville)